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LES BÂTISSEURS

Entrevue avec Roland Plante7 minutes 50 secondes

Je suis Roland Plante. J'ai travaillé pendant 40 ans à Sorel Industries, Colt Industries, la Slater et les Forges de Sorel à titre au début d'observateur des procédés dans les canons pour la Corée du sud. Par la suite, on m'a envoyé comme contremaître sur les équipes dans la forge et j'ai été aussi dans la scierie pour être capable de remplacer le surintendant qui était près de la retraite. Alors, j'ai travaillé à ce moment-là pendant quelques années comme contremaître et puis, par la suite, j'ai été promu surintendant de la forge.

J'ai eu la chance de travailler pour le laboratoire. Au début, on surveillait toutes les opérations. Par la suite, on m'a donné une tâche de jour où je devais aller surveiller seulement les endroits où il y avait des problèmes. Alors, j'apprenais beaucoup de cette façon-là. Et puis, par la suite, je suis allé étudier le soir à la polytechnique en métallurgie, en traitement thermique et en cristallographie. Ce qui m'a amené à devenir surintendant de la forge.

L'aciérie produit des lingots. L'aciérie fond le métal et fait les additions pour les compositions spéciales selon les besoins : si on veut de l'acier très dur; si on veut de l'acier qui est résistant aux chocs. Il y a une infinité de nuances comme on appelle. Alors, à ce moment-là, on choisissait dans l'aciérie les meilleures composantes, les meilleures sortes d'acier. Les lingots étaient transférés dans l'atelier de la forge. On les chauffait. Il y avait des lingots qui avaient 63 pouces de diamètre qui pesaient dans les 42 tonnes. Ça prenait une douzaine d'heures pour les monter à la température et encore une douzaine d'heures pour faire pénétrer la chaleur jusqu'au cœur. À ce moment-là, on les amenait sous la presse et une machine les manipulait et on donnait des formes à ça.

J'ai commencé moi pendant la période de la Guerre de Corée. Le gouvernement américain avait donné des contrats à Sorel Industries pour produire des canons à cause de leur expérience dans le passé. Depuis 1940 qu'ils fabriquaient des canons. Alors, j'ai réussi à trouver un moyen d'apprendre ce qui était important.

On a eu des périodes assez creuses disons parce que les marchés internationaux étaient très durs. Quand l'industrie allemande s'est relevée, ils ont commencé avec tout du nouveau matériel, de la nouvelle technologie. Alors, ils étaient très compétitifs avec nous-autres. C'est pour ça qu'on a acheté des équipements d'eux autres. On a acheté par exemple des pompes. On a acheté des manipulateurs, des machines pour manipuler l'acier pendant qu'on le forge. On a bénéficié de leur technologie, mais c'étaient des compétiteurs.

Alors mon grand-père et mon père ont travaillé là. J'ai vécu aux frais de Marine Industries de l'âge de 3 ans à 18 ans. Par la suite, en sortant de l'école, mon père m'a dit que je devrais me trouver une tâche ailleurs, une job ailleurs parce qu'à ce moment-là à Marine Industries, on engageait, on mettait à pied, on engageait, on mettait à pied. Il n'y avait pas de contrat régulier.

Ça a été assez pénible à Marine Industries dans cette période-là et papa m'a dit : « Tu vas être des périodes sans travail et c'est pas trop trop bon. On va te trouver un emploi stable. » Donc, à la Celanese, dans lequel il n'y avait pas de danger dans le temps. C'est là que j'ai commencé. J'ai été cinq ans dans la planification. Mon grand-père lui aussi a travaillé là durant la même période. Il est allé dans les Territoires du Nord-Ouest quand ils ont construit des navires ici à Sorel, qu'ils les ont coupés en morceaux et les ont envoyés dans les Territoires du Nord-Ouest. Je pense qu'ils étaient cinq jours dans les trains pour se rendre là-bas dans le temps avec l'équipement. Ils ont construit les navires près du lac des Esclaves à Fort Smith. Du côté de mon père, eux autres ils avaient un autre contrat. C'était à Orient Bay au lac Nipigon. Le lac Nipigon est au nord du lac Supérieur. Il y avait des chutes et c'était impossible de prendre des bateaux et de les envoyer par l'eau à ces endroits-là. Il fallait les construire dans le lac là-bas. Alors, mon père a passé 3-4 mois là-bas. Ils dormaient dans des tentes. Et puis, il fallait qu'ils manœuvrent ces pièces-là. Ils sont arrivés dans une forêt. Alors, il fallait qu'ils déblayent la forêt. Il fallait qu'ils fassent des installations. On appelle ça des lits. Des lits dans lesquels on pose le navire pour être capable de le lancer à l'eau par la suite. Ils ont travaillé là. Après ça, ils sont revenus à Sorel.

L'industrie de la construction de navires est quand même assez ancienne à Sorel. Ça a commencé par les Molson et les McCarthy à Saint-Joseph-de-Sorel. Ils ont commencé à construire les navires là. Les McCarthy, c'étaient des Irlandais qui avaient de la formation pour la construction de navires. Ça, ça s'est transmis. Par la suite, il y a eu différents promoteurs comme M. Sincennes qui est devenu Sincennes et McNaughton. La compagnie Richelieu qui est devenue la Canadian Steamship Lines. Elles étaient toutes stationnées à Sorel. Près du pont, en hiver la navigation cessait. Ils venaient s'abriter, s'accoster à Sorel parce que la rivière Richelieu était moins dangereuse, plus facile à naviguer que le fleuve. Alors, ils passaient l'hiver là. On hivernait beaucoup de navigateurs et on avait beaucoup de tavernes. En 1865, pour une population d'environ 5-6 000 personnes, il y avait 13 tavernes. On savait recevoir les gens.